Pierre Hébert explore ici l’histoire de la censure littéraire au Québec, en soulignant le rôle prépondérant du clergé jusqu’à la Révolution tranquille. On y examine des cas spécifiques de censure, depuis la Nouvelle-France jusqu’au XXe siècle, mettant en lumière la collaboration entre le pouvoir politique et religieux, ainsi que l’émergence d’une législation laïque sur l’obscénité qui marque un tournant. [AIEQ]

Censure et recherche

L’entretien explore l’intérêt de Pierre Hébert pour la censure littéraire au Québec, né au sein du GRELC dans les années 1990. Il souligne le rôle dominant du clergé, de la Nouvelle-France à la Révolution tranquille, et l’importance d’intégrer la censure dans l’histoire de l’édition québécoise.

Censure française et britannique

L’entretien analyse l’évolution de la censure au Québec en deux phases. Sous le régime français, elle reste informelle en raison de l’absence d’imprimerie. Après la conquête anglaise, elle devient systématique par l’alliance clergé-pouvoir politique, illustrée par la suppression de journaux critiques comme La Gazette littéraire et Le Canadien.

Censure répressive

L’arrivée de Monseigneur Bourget en 1840 marque une censure cléricale répressive, ciblant l’Institut canadien de Montréal. Excommunications et interdictions frappent les idées jugées immorales. Au XXe siècle, face aux nouveaux médias, l’Église adapte sa stratégie, privilégiant l’encadrement de la parole publique via des cotes morales littéraires.

Censure cléricale

L’analyse explore la censure cléricale au Québec entre la fin du XIXe et le début du XXe siècle, sous diverses formes : interdiction directe (Marie Calumet), censure par le silence (Le Débutant), autocensure (La Scouine). Elle souligne ses impacts sur les auteurs, la diffusion des œuvres et la liberté d’expression.

Fin de la censure cléricale

L’invasion des Crime Comics pousse l’Église à transférer la censure au système judiciaire. La loi sur l’obscénité de 1959 et les procès, dont celui de L’amant de Lady Chatterley, établissent un précédent, reconnaissant le statut particulier des œuvres littéraires et les protégeant d’une censure aussi rigide que d’autres publications.

Nègres blancs d’Amérique

La saisie de Nègres blancs d’Amérique de Pierre Vallières illustre une censure radicale, tandis que Les Fées ont soif de Denise Boucher subit une opposition judiciaire, religieuse et institutionnelle. Pierre Hébert souligne l’ironie du destin de ces œuvres, devenues majeures, et l’ampleur des débats qu’a suscités leur censure.