Compléments à l’entrevue
Bibliographie des oeuvres mentionnées
- Honoré Beaugrand, La chasse-galerie, 1891
- Philippe-Aubert de Gaspé, père, Les anciens Canadiens, 1861
- Louis Fréchette, Les contes de Jos Violon, 1888
- Antoine Gérin-Lajoie, Jean Rivard, le défricheur, 1874
- Patrice Lacombe, La terre paternelle, 1846
- Damase Potvin, Restons chez-nous!, 1908
- Lionel Groulx, Les rapaillages, 1922
- Albert Laberge, La Scouine, 1918
- Rodolphe Girard, Marie Calumet, 1904
- Claude-Henri Grignon, Un homme et son péché, 1933
- Ringuet, Trente arpents, 1938
- Jean-Charles Harvey, Les demi-civilisés, 1934
- Félix-Antoine Savard, Menaud, maître-draveur, 1937
- Victor-Lévy Beaulieu, Race de monde, 1968
- Victor-Lévy Beaulieu, Les grands-pères, 1972
- Jacques Renaud, Le cassé, 1964
- Marie-Claire Blais, Une saison dans la vie d’Emmanuel, 1965
- Réjean Ducharme, L’avalée des avalés, 1966
- Hubert Aquin, Prochain épisode, 1965
- Jacques Ferron, Les confitures de coings, 1972
- Samuel Archibald, Arvida, 2011
- Maxime Raymond Bock, Atavismes, 2013
- Anne Élaine Cliché, Jonas de mémoire, 2014
- Pierre Nepveu, L’écologie du réel, Boréal, 1988.
Capsules de l’Atlas littéraire du Québec liées au Roman du pays
| Numéro de la capsule | Titre |
| 41 | Les « mises en recueil » de la littérature canadienne (1840-1900) : « les promoteurs d’une ère nouvelle dans les lettres canadiennes » |
| 46 | La terre paternelle (1846) de Patrice Lacombe : le terroir à l’«état pur»? |
| 52 | Jeanne la fileuse (1878) d’Honoré Beaugrand |
| 57 | Le roman (1900-1939) : terre, forêt et, déjà, la ville |
| 67 | La nouvelle avant 1960 |
| 73 | Les revues traditionalistes (1900-1939) |
| 86 | Claude-Henri Grignon (1894- 1976) : vivre de et par sa plume |
| 87 | Alain Grandbois (1900-1975) : invitation au voyage |
| 94 | Maria Chapdelaine (1916) de Louis Hémon : un phénomène unique d’édition |
| 95 | La Scouine (1918) d’Albert Laberge : noirceur de la vie paysanne |
| 97 | L’appel de la race (1922) de Lionel Groulx : le roman comme divertissement… offensif |
| 102 | Trente arpents (1938) de ringuet : déboulonnage en quatre saisons |
| 103 | Le survenant (1945) de Germaine Guèvremont : le « vaste monde » |
| 133 | Anne Hébert (1916-2000) : une œuvre « inquiète » |
| 143 | Michel van Schendel (1929-2005) : un acteur « outreculturel » |
| 173 | Une saison dans la vie d’Emmanuel (1965) de marie-Claire Blais : une fable drôle et cruelle |
| 177 | L’homme rapaillé (1970) de Gaston Miron : un métissage du terroir et du néant |
| 186 | La littérature autochtone : le papier et la voix |
| 189 | Écriture migrante : l’importance du terme et ses limites |
| 218 | La terre : faire de la permanence |
| 240 | La radio : des décennies de partenariat avec la littérature québécoise |
| 251 | La Flore laurentienne (1935) du frère marie-Victorin : ouvrage à la fois savant et populaire |
Nota bene
De nombreux ouvrages appartenant au domaine public québécois sont disponibles gratuitement et en ligne dans La Bibliothèque électronique du Québec. Collection Littérature québécoise :
Dans cette série d’entretiens, Dominique Garand retrace l’évolution de la littérature québécoise, de ses débuts marqués par une quête identitaire et l’influence européenne, à son émancipation à travers des œuvres critiques et novatrices. Entre le roman de la terre, les récits sombres du néo-terroir et la libération progressive de la question nationale, elle illustre une redéfinition constante du roman québécois.
Naissance des lettres québécoises
Les auteurs québécois, cherchant à s’émanciper de l’influence française, ont développé un roman national d’abord ancré dans le folklore et le terroir puis centré sur la langue, avec l’affirmation du joual dans les années 1960. Dominique Garand souligne l’enjeu politique et nationaliste de cette construction identitaire.
Romans en rupture des normes
Le roman québécois évolue du XIXe siècle idyllique vers une critique sociale marquée par la misère et l’aliénation. Dominique Garand souligne cette transformation, illustrée par Un homme et son péché. À l’inverse, Bonheur d’occasion incarne une résistance à la pauvreté plutôt qu’une fatalité.
Romans du néo-terroir
Le roman du néo-terroir, apparu au XXe siècle, déconstruit la vision homogène du Québec rural en explorant des micro-territoires marqués par la marginalité. Des auteurs comme Archibald et Bock abordent la folie, la rupture et les tensions historiques, proposant une lecture révisionniste et sombre de l’identité québécoise.
La question nationale
Le roman québécois évolue d’un projet identitaire vers une approche plus éclatée et moins politique. Influencée par le structuralisme, les avant-gardes et de nouvelles voix (féminine, migrante, intime), cette transformation, soulignée par Dominique Garand, marque la fin d’une nation homogène au profit d’enjeux littéraires individualisés.
Évolution du roman québécois
Dominique Garand critique la vision linéaire du roman québécois, plaidant pour une approche valorisant sa diversité et ses marges. Il remet en question les lectures téléologiques dominantes, proposant une réévaluation de l’histoire littéraire qui dépasse les grands courants pour explorer les œuvres minorisées et déconstruire les mythes fondateurs.
Le roman exotopique
Cette capsule déconstruit l’idée d’un « roman exotopique » récent au Québec, révélant que 20 à 30 % des romans québécois se situent hors Québec depuis le XIXe siècle. Dominique Garand conteste la vision d’une littérature centrée sur le terroir et rejette l’interprétation négative de l’« ailleurs » comme aliénation.
L’ailleurs américain
Dominique Garand démontre que l’intérêt pour l’« ailleurs » précède les « écritures migrantes », apparaissant dès le XIXe siècle. Il observe une évolution des motivations des personnages : d’impératifs économiques à une quête personnelle, puis à une réponse aux impasses politiques, liant cette dynamique à l’identité québécoise.
L’autre français
Le Québec, marqué par un manque historique et culturel, puise en France une inspiration ambivalente, entre admiration et rejet. Cette relation évolue, passant d’une fascination initiale à une critique plus vive dès les années 1960, illustrant un processus d’autonomisation face à l’ancienne puissance coloniale, à travers littérature et théâtre.
L’autre en soi
D’abord marquée par une réceptivité sans exotisation, la littérature québécoise évolue vers une identité fluide, intégrant migration et origines multiples. Moins binaire, elle dissout les frontières et interroge la fuite vers l’ailleurs. L’essor d’une conscience écologique recentre l’exploration de l’altérité sur la proximité plutôt que sur l’évasion.
Une fiction italienne
L’échange sur Florence, reprise (2015) avec Dominique Garand explore le lien Québec-Italie à travers Pierre Maureault, qui quitte Montréal pour se réinventer. La narration alterne entre passé et présent, soulignant la persistance des attaches québécoises, notamment via la Saint-Jean-Baptiste à Florence et l’histoire des zouaves pontificaux.

