LA DÉMOLITION DE L’ÉGLISE SAINT-CŒUR-DE-MARIE ⤓ ➚
Luc Noppen, professeur à l’UQAM, propose une analyse approfondie de la démolition de l’église Saint-Cœur-de-Marie à Québec en 2019, malgré sa reconnaissance comme un monument patrimonial de premier plan.
L’insuffisance de la protection légale et du « vouloir patrimonial »
Le cas de l’église Saint-Cœur-de-Marie démontre qu’une déclaration d’intérêt patrimonial, ou même un classement, ne garantit pas la sauvegarde d’un monument de premier plan. Il est nécessaire de perpétuellement construire et reconstruire la connaissance et la notoriété de notre patrimoine bâti, ce que l’auteur appelle notre « vouloir patrimonial ». Les efforts déployés pour conserver l’église depuis le début des années 1990 ont été oubliés, voire ignorés.
La primauté de la valeur d’usage économique du patrimoine
Dans l’opinion publique qui mobilise les élus, la question de la valeur d’usage économique du patrimoine et de son utilité immédiate est devenue cruciale. On se demande qui défraiera le coût de la conservation et de la mise en valeur des sites, et si ces sites ne pourraient pas être occupés par des édifices répondant mieux aux besoins d’aujourd’hui. Le secteur privé (l’entreprise privée) a pour vocation la recherche de profits et non le sauvetage du patrimoine.
L’influence des promoteurs sans scrupules et des élus complaisants
L’échec de ce cas montre que les promoteurs sans scrupules peuvent s’emparer de sites précieux et les rentabiliser à leur guise. La « recette » pour réussir cela consiste à fréquenter, entretenir et promouvoir des élus complaisants et laisser le temps faire son œuvre, à l’abri de sanctions. Le patrimoine est souvent laissé entre les mains « d’entrepreneurs véreux », même s’ils se présentent sous le couvert d’un organisme à but non lucratif (OBNL) hasardeux.
Le manque de continuité et de stratégie des autorités publiques
Les autorités publiques, notamment la Ville de Québec et le ministère de la Culture et des Communications du Québec, doivent être blâmées. La Ville a les moyens de protéger son patrimoine, mais il y a eu un manque de continuité et de volonté politique après 1997, surtout sous le règne du maire Labeaume. Quant au ministère de la Culture et des Communications, l’auteur souligne le manque de stratégie et de cohérence dans ses actions



