LE DÉCLIN DE L’ÉGLISE CATHOLIQUE AU QUÉBEC DÈS 1960 ➚
L’Église catholique a été un pilier central de l’identité québécoise de la Conquête à la Révolution tranquille, agissant comme gardienne du catholicisme et de la francophonie. La Révolution tranquille a marqué un tournant vers un État laïque et une sécularisation rapide, réduisant le pouvoir de l’Église lorsque l’État a pris en charge les services sociaux.
L’hégémonie institutionnelle et le nationalisme clérical (période pré-Révolution tranquille)
L’Église catholique a assumé un rôle central et multiforme dans la construction de l’identité québécoise, notamment de la Conquête britannique jusqu’à l’avènement de la Révolution tranquille. Durant cette période, elle s’est érigée en tant que pilier social, culturel et politique. L’Église s’est positionnée comme la gardienne du catholicisme et de la francophonie, promouvant une idéologie de nationalisme clérical qui liait intrinsèquement l’identité nationale à la foi catholique et au mode de vie traditionnel. En l’absence d’un État fort, elle a joué un rôle essentiel dans la survivance de la culture et de la langue française. Ce pouvoir s’est manifesté par une domination sur les institutions sociales cruciales, incluant l’éducation, les soins de santé et les services sociaux, conférant à l’Église une influence sur la quasi-totalité des aspects de la vie quotidienne. De plus, les ultramontains ont fait de l’Église une force politique incontournable cherchant à influencer les leaders civils de l’époque.
La tentative de oérennisation du modèle paroissial en milieu urbain
Face à la transformation sociétale engendrée par l’urbanisation et l’industrialisation, l’Église canadienne-française a déployé des efforts pour maintenir le modèle de la paroisse comme cadre de vie structurant en milieu urbain. Cette stratégie s’est concrétisée par l’érection de nouvelles paroisses et la construction d’églises dans les nouvelles banlieues développées après la Seconde Guerre mondiale (telles que Sainte-Fois ou Beauport). Ces édifices présentaient souvent une architecture au design moderne. Cependant, malgré ces initiatives, la tentative de préserver le modèle paroissial s’est essoufflée assez rapidement. Cet échec est concomitant au déclin de la pratique religieuse et à la montée de la sécularisation au sein de la société québécoise.
La Révolution tranquille et le transfert de pouvoir à l’État laïque
La Révolution tranquille a constitué un moment de rupture décisive dans l’histoire du Québec, marquant une transition vers un État laïque. Le nationalisme clérical qui prévalait fut remplacé par un nouveau nationalisme séculier, désormais centré sur le territoire et la langue française, plutôt que sur la religion. Le pouvoir de l’Église a diminué de manière significative lorsque l’État a pris en charge la gestion de l’éducation et de la santé. Par conséquent, l’institution religieuse a été perçue par certains segments de la population comme un symbole d’oppression et de tradition dépassée. La société a alors connu une sécularisation rapide, où la pratique religieuse a fortement décliné et la religion a été reléguée à la sphère privée.
Facteurs démographiques et l’héritage architectural
Le déclin de la fréquentation des églises s’explique non seulement par le déclin de la pratique religieuse, mais également par une profonde mutation du tissu social. L’évolution des structures urbaines, caractérisée par l’étalement urbain, a entraîné une baisse de la densité de population. Contrairement au passé, où les logements étaient souvent des ménages multifamiliaux comptant un grand nombre de membres (souvent 6, 7, 8 ou 10), les ménages actuels sont de taille beaucoup plus réduite. Par conséquent, le développement urbain ne s’intègre plus dans un cadre paroissial. Malgré ce retrait institutionnel et démographique, l’influence historique de l’Église demeure tangible à travers son héritage architectural, notamment les grandes églises qui continuent d’orner les paysages urbains et ruraux du Québec.


