© CLAUDE FORREST (2018)

AU PARC CARTIER-BRÉBOEUF

Cette photographie tient ensemble deux gestes : l’architecture du quotidien, ces chaises adirondack comme un mobilier vernaculaire, et la poésie d’une halte.

LA SIMPLE SOUVERAINETÉ D’UN MOMENT PRÊT À S’OFFRIR

On entendrait presque le temps passer : un après-midi tardif, la chaleur encore suspendue sur le bois peint, l’odeur sourde du granit chauffé. Les sièges sont vides, pourtant ils portent des présences. L’absence ici n’est pas manque, elle est promesse : on reviendra s’asseoir, on reprendra la conversation laissée ouverte au bord du jour.

Le monde peut bien s’agiter derrière les vitres sombres, il existe encore des terrasses où l’on apprend à regarder, à attendre, à appartenir.

La couleur, franche, presque laque, tranche sur le granit taillé et sur la nuit froide des vitrages ; rouge comme une ponctuation, elle fait vibrer le plan médian tandis que l’arrière-plan vitré, sans reflet bavard, se tient en réserve et enferme le monde dans une sobriété de coulisses. À gauche et à droite, deux fauteuils de même stature : stabilité. Au centre, le plus massif : axe et mesure. Puis, légèrement en retrait, la petite chaise, comme une syllabe d’enfance ajoutée au mot famille.