Porteur de significations sociales, vitrine des transformations culturelles et scientifiques, le corps humain est aujourd’hui au carrefour de forces qui le façonnent, le transcendent, et parfois l’asservissent. À travers un parcours fascinant, Pierre Fraser nous entraîne dans une exploration audacieuse du corps, depuis les idéaux classiques de proportions parfaites jusqu’aux promesses vertigineuses du transhumanisme.

En analysant les discours de normalisation, les obsessions nutritionnelles et l’impact des technologies, cet ouvrage jette une lumière crue sur les enjeux contemporains du corps « socialement acceptable ». Le lecteur y découvrira une fresque où s’entremêlent esthétique, morale et médecine, pour révéler un questionnement universel : sommes-nous les derniers maîtres de notre corporéité, ou l’objet d’un chantier sans fin ?

Provocateur, érudit et captivant, Le corps idéal – Du corps rejeté au corps augemnté offre une réflexion essentielle sur l’avenir de l’humanité, au cœur d’une époque où le corps, plus que jamais, est le miroir de nos aspirations et de nos inquiétudes.

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Le corps est le lieu de toutes les rencontres. Porteur d’identités sociales, il est devenu une fascinante entreprise de normalisation et de transformation. De ce simple constat, nous nous posons une question : « Comment le corps est-il devenu, au fil du temps, un objet de préservation, de réparation, d’augmentation et de transformation ? ». Pour tenter de réponde à cette question, une hypothèse : « Trois grands courants, à la Renaissance, ont construit le corps socialement acceptable d’aujourd’hui : il y a tout d’abord l’idée qu’il est possible, avec le peintre Alberti, d’aspirer à un corps de justes proportions comme idéal de beauté, avec le médecin Vésale, de réparer le corps, de le soigner efficacement, de le guérir et lui redonner vitalité, et avec l’éducateur Mercurialis, de fabriquer un corps et de le façonner en quelque sorte selon sa volonté ; ces trois courants ont ceci de particulier qu’ils traverseront toutes les époques depuis la Renaissance jusqu’à aujourd’hui, et qu’ils structureront une certaine représentation sociale du corps qui fait de ce dernier l’ultime identification à soi-même. »

Afin de confirmer, nuancer ou infirmer cette hypothèse, il importe donc d’explorer l’inscription sociale du corps à travers les époques pour mieux comprendre ses attitudes, ses comportements, ses gestes, ses postures et les interventions à déployer sur celui-ci pour le régulariser et le normaliser, le rendre conforme à certaines attentes, surtout l’amener à un certain idéal de corporéité élaboré au cours des XVe et XVIe siècles. Deux variables, donc, pour effectuer ce travail : l’individu et le collectif. D’une part, c’est au croisement de la pratique médicale, de la recherche scientifique et de l’innovation technologique que les interventions sur le corps deviennent envisageables pour chaque individu. D’autre part, c’est au croisement des discours de la pratique médicale, de la recherche scientifique et de l’innovation technologique que les interventions sur le corps deviennent socialement acceptables.

Du Moyen-Âge jusqu’au XXIe siècle, cet ouvrage tentera de relever certains phénomènes qui ont contribué de différentes façons à proposer de nouvelles représentations sociales du corps. Quelles sont ces nouvelles représentations du corps qui font de ce dernier l’ultime destination de soi et un vaste territoire où s’investissent différents acteurs intéressés par sa préservation, sa réparation, son augmentation, sa transformation et surtout sa normalisation ?