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L’autorité scientifique dans le discours climatique

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La gestion du patrimoine religieux bâti | Le rôle social de l’Église catholique au Québec


LIQUIDER LE PASSÉ DU QUÉBEC

LA GESTION DU PATRIMOINE RELIGIEUX BÂTI QUÉBÉCOIS

Promoteurs immobiliers et patrimoine religieux bâti

Synopsis

John Porter explore la tension délicate entre la conservation du patrimoine religieux et l’appétit des promoteurs immobiliers au Québec. Il rappelle que si certains développeurs utilisent parfois une « stratégie d’abandon » — laisser les bâtiments se détériorer jusqu’à justifier leur démolition — ce n’est pas la démarche des diocèses. Pour l’Église, il s’agit plutôt d’une logique de survie et de repli : les ressources, qu’elles soient spirituelles ou financières, s’amenuisent. Même si l’attachement aux églises demeure réel, leur gestion ne figure plus au cœur des priorités, et c’est ainsi que, peu à peu, ces lieux disparaissent du paysage.

Fermer une église, une responsabilité partagée

Synopsis

Comme le souligne Mgr. Laliberté, évêque du diocèse de Trois-Rivières, la décision de fermer une église est un processus complexe lié à une responsabilité. Quels sont ces critères essentiels qui doivent guider le discernement de toute communauté envisageant une telle démarche ?

1. La consultation communautaire : une décision partagée

Le critère fondamental et non négociable de tout le processus est la consultation. Avant toute chose, il doit y avoir eu une réflexion communautaire sincère et approfondie impliquant les paroissiens. Monseigneur Laliberté est clair : si la proposition de fermeture émane uniquement du prêtre et de son conseil de fabrique, sans l’implication des fidèles, l’approbation ne sera pas accordée. L’objectif est de parvenir à un consensus, un processus qui, comme il le rappelle, peut être difficile et douloureux, « Même si si ça fait mal… », mais qui est indispensable. Cette réflexion communautaire, pour être authentique, doit se fonder sur une réalité concrète, qui est presque toujours l’impasse financière.

2. La viabilité financière : le point de départ

La question financière est fréquemment « le premier critère qui déclenche une réflexion ». Concrètement, cela signifie qu’une communauté chrétienne n’est plus en mesure d’assumer les coûts liés à l’entretien et au maintien de son bâtiment. Bien qu’il soit un puissant déclencheur, ce facteur ne peut être le seul élément de décision. Il doit impérativement s’inscrire dans le cadre d’une réflexion communautaire concertée. Cependant, constater une impasse financière n’est pas une fin en soi. Cela doit immédiatement nous obliger à nous poser la question la plus essentielle : comment prendrons-nous soin de la communauté chrétienne elle-même ?

3. L’avenir de la communauté chrétienne : une priorité essentielle

Ce critère est jugé « essentiel » par l’évêque. Avant de décider du sort du bâtiment, en tant que communauté, nous devons répondre à deux questions fondamentales qui garantiront notre survie spirituelle :

  • Comment la communauté chrétienne continuera-t-elle d’exister après la fermeture ?
  • Aura-t-elle un lieu adéquat pour se rassembler ?

Les réponses à ces questions sont primordiales. Elles influencent directement les options envisagées pour l’église, qu’il s’agisse d’une vente complète, d’une requalification partielle ou d’une autre forme d’arrangement. Prendre soin de notre communauté nous amène naturellement à nous interroger sur le devenir du bâtiment qui l’a si longtemps abritée.

4. Le projet pour le bâtiment : un usage respectueux

Il est de notre responsabilité de veiller à ce que l’avenir du bâtiment soit digne de son passé. Un projet clair et réfléchi doit exister pour son utilisation future, afin de s’assurer que le lieu ne servira pas « à n’importe quoi ». Ce critère vise à garantir que le bâtiment, même désacralisé, conserve une vocation respectueuse de son histoire. Les différentes avenues possibles, soit la vente, la requalification ou l’entente avec un autre organisme, sont toutes évaluées sous cet angle pour déterminer le projet le plus approprié.

La démolition de l’église Saint-Cœur-de-Marie

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La démolition de l’église Saint-Cœur-de-MarieTélécharger

LE RÔLE SOCIAL DE L’ÉGLISE CATHOLIQUE AU QUÉBEC

Quand l’église tissait du lien social

Synopsis

L’église Saint-Jean-Baptiste de Québec n’a pas seulement été un repère visuel : elle a constitué un véritable nœud du lien social dans le quartier. Bien au-delà des offices et des sacrements, elle a incarné un espace de solidarité et de vie commune. Pendant plus de trente ans, son comptoir alimentaire a soutenu les plus démunis, tandis que son vaste sous-sol, unique dans le secteur, a accueilli des assemblées citoyennes, des réunions municipales et même des scrutins électoraux. Elle a aussi été un lieu de culture et de partage, où troupes de théâtre et concerts d’orgue rassemblaient les habitants autour d’expériences collectives.

La fermeture d’une telle église ne signifie donc pas seulement la disparition d’un lieu de culte : elle marque la perte d’un espace de rencontre, d’entraide et de culture qui structurait le tissu social du quartier. Chaque porte close efface une part de ce lien communautaire qui donnait vie au quotidien des résidents.

Quand l’église tissait du lien social

Synopsis

L’Église catholique a été un pilier central de l’identité québécoise de la Conquête à la Révolution tranquille, agissant comme gardienne du catholicisme et de la francophonie. La Révolution tranquille a marqué un tournant vers un État laïque et une sécularisation rapide, réduisant le pouvoir de l’Église lorsque l’État a pris en charge les services sociaux.

L’hégémonie institutionnelle et le nationalisme clérical (période pré-Révolution tranquille)

L’Église catholique a assumé un rôle central et multiforme dans la construction de l’identité québécoise, notamment de la Conquête britannique jusqu’à l’avènement de la Révolution tranquille. Durant cette période, elle s’est érigée en tant que pilier social, culturel et politique. L’Église s’est positionnée comme la gardienne du catholicisme et de la francophonie, promouvant une idéologie de nationalisme clérical qui liait intrinsèquement l’identité nationale à la foi catholique et au mode de vie traditionnel. En l’absence d’un État fort, elle a joué un rôle essentiel dans la survivance de la culture et de la langue française. Ce pouvoir s’est manifesté par une domination sur les institutions sociales cruciales, incluant l’éducation, les soins de santé et les services sociaux, conférant à l’Église une influence sur la quasi-totalité des aspects de la vie quotidienne. De plus, les ultramontains ont fait de l’Église une force politique incontournable cherchant à influencer les leaders civils de l’époque.

La tentative de oérennisation du modèle paroissial en milieu urbain

Face à la transformation sociétale engendrée par l’urbanisation et l’industrialisation, l’Église canadienne-française a déployé des efforts pour maintenir le modèle de la paroisse comme cadre de vie structurant en milieu urbain. Cette stratégie s’est concrétisée par l’érection de nouvelles paroisses et la construction d’églises dans les nouvelles banlieues développées après la Seconde Guerre mondiale (telles que Sainte-Fois ou Beauport). Ces édifices présentaient souvent une architecture au design moderne. Cependant, malgré ces initiatives, la tentative de préserver le modèle paroissial s’est essoufflée assez rapidement. Cet échec est concomitant au déclin de la pratique religieuse et à la montée de la sécularisation au sein de la société québécoise.

La Révolution tranquille et le transfert de pouvoir à l’État laïque

La Révolution tranquille a constitué un moment de rupture décisive dans l’histoire du Québec, marquant une transition vers un État laïque. Le nationalisme clérical qui prévalait fut remplacé par un nouveau nationalisme séculier, désormais centré sur le territoire et la langue française, plutôt que sur la religion. Le pouvoir de l’Église a diminué de manière significative lorsque l’État a pris en charge la gestion de l’éducation et de la santé. Par conséquent, l’institution religieuse a été perçue par certains segments de la population comme un symbole d’oppression et de tradition dépassée. La société a alors connu une sécularisation rapide, où la pratique religieuse a fortement décliné et la religion a été reléguée à la sphère privée.

Facteurs démographiques et l’héritage architectural

Le déclin de la fréquentation des églises s’explique non seulement par le déclin de la pratique religieuse, mais également par une profonde mutation du tissu social. L’évolution des structures urbaines, caractérisée par l’étalement urbain, a entraîné une baisse de la densité de population. Contrairement au passé, où les logements étaient souvent des ménages multifamiliaux comptant un grand nombre de membres (souvent 6, 7, 8 ou 10), les ménages actuels sont de taille beaucoup plus réduite. Par conséquent, le développement urbain ne s’intègre plus dans un cadre paroissial. Malgré ce retrait institutionnel et démographique, l’influence historique de l’Église demeure tangible à travers son héritage architectural, notamment les grandes églises qui continuent d’orner les paysages urbains et ruraux du Québec.

Le rôle social de la paroisse dans la vie des gens

Synopsis

Les rouages de l’Église catholique québécoise, la paroisse et le diocèse, sont aujourd’hui méconnus, alors qu’ils ont structuré le Québec bien avant l’État moderne de la Révolution tranquille. Pour retrouver ces fondations invisibles, il faut pratiquer une archéologie patiente. Et le premier objet de fouille est la cellule originelle : la paroisse. En somme, au Québec, l’Église fut une machine sociale, territoriale et politique.

La paroisse : microcosme de la vie sociale

La paroisse n’était pas seulement un clocher ou un banc de messe. Elle formait le cœur battant de l’organisation sociale, une cellule à l’échelle collective, équivalente à la famille sur un autre plan. Elle encadrait, orientait, protégeait, et sa logique débordait le religieux pour modeler la culture et l’économie locales. L’exemple le plus parlant reste celui des Caisses populaires, nées dans les sous-sols paroissiaux : preuve tangible que l’Église pouvait générer des institutions socio-économiques en marge du capitalisme industriel. Ici résidait son ambivalence : un pouvoir qui pouvait paraître tutélaire, mais qui servait aussi de bouclier. La paroisse encadrait les consciences, mais elle assurait en même temps la cohésion d’un peuple minoritaire.

L’emprise ambivalente : entre tutelle morale et rempart identitaire

On ne peut nier la face sombre : sermons moralisateurs, contrôle des mœurs, autorité sans partage sur l’éducation et la sexualité. Mais réduire l’Église à cette caricature, c’est oublier la fonction paradoxale de ce contrôle, puisque cette clôture morale servait aussi de rempart culturel. En fait, ce qui limitait les libertés individuelles consolidait en même temps l’identité collective. Toutefois, la question demeure lancinante : sans ce filet, que serait devenu le Québec français ? Probablement une minorité diluée, avalée par la majorité anglophone. Autrement dit, la survie collective du peuple québécois s’est jouée au prix de la pesante tutelle de l’Église catholique. C’est le paradoxe fondamental : oppression et protection tissées dans un même geste.

Le diocèse : cartographie d’un pouvoir pré-étatique

Le diocèse, contrairement à la paroisse, a presque disparu de la mémoire commune. Et pourtant, il fut la véritable charpente territoriale. C’est lui qui transformait la mosaïque paroissiale en un réseau cohérent, unifiant les communautés sous une administration qui n’avait rien à envier à l’État. Bien plus qu’un cadre religieux, le diocèse était une division territoriale fonctionnelle, ancêtre direct de nos régions administratives modernes. Lorsque l’État québécois des années 1960 a imposé sa propre cartographie, il n’a fait que superposer son quadrillage sur celui de l’Église. Le palimpseste demeure : sous nos cartes gouvernementales se cache encore la géographie ecclésiale. Ironie suprême, ce qui fut jadis omniprésent est aujourd’hui oublié.

Les fondations invisibles du présent

Redécouvrir la paroisse et le diocèse, c’est comprendre que notre modernité n’a pas jailli du néant. Elle repose sur une architecture institutionnelle ancienne, ambivalente, parfois lourde, mais décisive. Ces structures ne sont pas de simples reliques : elles sont les fondations invisibles du Québec contemporain. En croyant s’affranchir de l’Église, la société a continué à marcher dans ses pas, à réutiliser ses cadres, à prolonger ses logiques. C’est là l’ironie finale : les pouvoirs que la Révolution tranquille a cru abolir sont encore sous nos pieds, comme des couches souterraines guidant nos pas.

À PROPOS

Le financement de cette série à été rendu possible grâce aux dons de Claude Robitaille, Rodrique Escayola, Pierre-Benoît Fortin, Marthe Lacourcière, Denise L. Joly, Denis Biron, Dufour Hortense, CA Photo|Société.

De nouveaux épisodes à venir d’ici le 15 décembre 2025

La disparition des églises du Québec dépasse largement la simple perte de bâtiments religieux : elle incarne une transformation profonde de notre société, de notre mémoire et de nos paysages. Longtemps au cœur de la vie communautaire, ces lieux ont structuré les villages et les quartiers, rythmant l’existence par les rites, l’éducation et les rassemblements collectifs. Leur fermeture ou leur reconversion révèle le recul de la pratique religieuse, mais aussi l’essor d’une société davantage sécularisée, marquée par de nouvelles valeurs et de nouveaux usages de l’espace public. Ces églises, devenues silencieuses ou transformées en bibliothèques, salles de spectacle, logements ou espaces commerciaux, posent des questions cruciales : que faire de ce patrimoine hérité, comment préserver la mémoire collective sans figer l’avenir, et quelles traces voulons-nous léguer des grandes mutations culturelles du Québec ? En interrogeant à la fois l’histoire, l’urbanisme, l’économie et l’intime, une série documentaire sur leur disparition permettrait de capter un moment charnière, où l’effacement des clochers devient le reflet d’un peuple en redéfinition.

À paraître le 15 janvier 2026

Cet essai n’est ni un pamphlet ni un manuel de décodage miracle. C’est une analyse pour tous qui propose de comprendre comment fonctionnent les grands régimes discursifs contemporains — écologistes, politiques, technoscientifiques, économiques, moraux, santé, etc. — et ce qu’ils font à notre manière de voir, de croire et de juger.

Sans dénoncer, sans moraliser, et avec une distance parfois légèrement ironique, ce petit traité de survie en temps de catastrophe invite à lire les discours avant de s’y soumettre, à reconnaître leurs formes avant d’adhérer à leurs conclusions, et à cultiver une lucidité praticable dans un monde qui parle beaucoup, très fort, et rarement à voix basse.

Un livre pour celles et ceux qui ne cherchent pas la vérité absolue, mais qui aimeraient, au minimum, ne pas confondre assurance discursive et réalité.

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