RÉCITS IDÉOLOGIQUES

Aucun grand discours contemporain ne s’impose par les faits seuls. Ils arrivent toujours portés par des récits de promesses de salut ou de stabilité, de menaces de déclassement ou de chaos, de progrès inévitable, de rationalité totale. 

  • ACCUEIL
  • DOCUMENTAIRES
    • Vous avez une idée de série documentaire ?
    • Avant que tout ne s’efface…
    • Habiter la ville
    • Mentorat actif
    • Voyage en Littérature Québécoise
  • QUÊTE DU CORPS IDÉAL
    • Corps en santé
    • Obésité
    • Transhumanisme
  • IA ET TECHNOLOGIES
    • Biotechnologies
    • Intelligence artificielle
  • CONTACT
Le choc des géants : l’ordre mondial à l’aube de 2026

Le choc des géants : l’ordre mondial à l’aube de 2026

France 2026 : un pays en pilotage automatique

France 2026 : un pays en pilotage automatique

Canada 2026 : le pays qui tient, mais qui n’avance plus

Canada 2026 : le pays qui tient, mais qui n’avance plus

Trump interdit de séjour ceux qui veulent réguler la tech américaine

Trump interdit de séjour ceux qui veulent réguler la tech américaine

IA : QUAND LE RISQUE EST TRANSFÉRÉ VERS LES PLANS DE RETRAITE

Le lien entre la ruée actuelle vers l’intelligence artificielle et le krach financier de 2008 ont des similitudes de transfert de responsabilités.

À première vue, le lien entre la ruée actuelle vers l’intelligence artificielle et le krach financier de 2008 peut sembler tiré par les cheveux. Après tout, on parle aujourd’hui de data centers rutilants et d’algorithmes voraces en électricité, pas de pavillons de banlieue accordés à des emprunteurs insolvables. Et pourtant, derrière la modernité du décor, la mécanique financière à l’œuvre rappelle fortement ce que la littérature économique décrit comme une crise née moins de l’ignorance que d’une confiance excessive dans des montages sophistiqués (Acharya et al., 2009).

Comme les banques avant la crise des subprimes, les géants de la tech ont redécouvert une règle simple et ancienne : il vaut mieux éviter de conserver trop longtemps les actifs risqués dans son propre bilan. Construire et posséder des centres de données engageant des milliards sur plusieurs décennies, dans un marché dont la trajectoire demeure profondément incertaine, n’est guère compatible avec l’humeur changeante des marchés financiers. La solution est élégante, presque esthétique : on ne possède plus, on loue. Le risque ne disparaît pas, mais il change de catégorie comptable, ce qui, comme l’ont montré les analyses post-2008, suffit souvent à rassurer investisseurs et analystes (Acharya et al., 2009).

IA – Quand le risque change de propriétaire

Le risque, bien sûr, ne s’évapore jamais. Il circule. Il glisse vers des structures moins visibles, comme les fonds de pensionm les fonds de crédit privé et les assureurs, autrement dit vers ce vaste écosystème d’investisseurs institutionnels dont la montée en puissance est désormais bien documentée (OECD, 2024). Comme lors des crises passées, la chaîne de responsabilité s’allonge, et plus elle s’allonge, plus il devient difficile d’identifier qui, en bout de course, assumera réellement la perte si les anticipations se révèlent excessives.

Cette architecture financière repose aussi sur une hypothèse tacite, rarement formulée, mais toujours présente : la demande pour l’IA continuera de croître, encore et encore. Autrefois, on pariait sur l’immobilier, réputé incapable de baisser. Aujourd’hui, on parie sur la puissance de calcul, supposée se multiplier sans fin. L’histoire économique montre pourtant que chaque grande phase d’innovation s’accompagne d’un excès d’optimisme financier, où l’enthousiasme collectif tient lieu de garantie jusqu’au moment où il se fissure (Kindleberger & Aliber, 2011).

La comparaison avec 2008 a cependant ses limites. Un centre de données n’est pas une hypothèque toxique, et un fonds de pension n’est pas un ménage surendetté. Les actifs sont plus tangibles, les investisseurs mieux informés, et le choc potentiel serait sans doute moins brutal socialement. Mais la logique reste étrangement similaire : découper le risque, le déplacer, le rendre moins visible, et espérer que la musique continuera suffisamment longtemps pour ne pas être celui qui se retrouvera sans chaise, une dynamique que Kindleberger identifiait déjà comme récurrente dans l’histoire des crises financières.

Au fond, il ne s’agit pas tant d’une folie collective que d’une prudence extrêmement élaborée. Les géants de la tech ne doutent pas de l’importance stratégique de l’IA ; ils doutent simplement de la sagesse d’en assumer seuls le coût et l’incertitude. Cette recherche de flexibilité, bien connue dans l’univers du capital-risque et de l’innovation technologique, transforme le risque en variable ajustable plutôt qu’en engagement durable (Gompers & Lerner, 2001).

L’infrastructure de l’IA devient ainsi un vaste jeu de chaises financières où chacun avance avec assurance, convaincu d’avoir prévu une sortie de secours. Comme souvent, la question n’est pas de savoir si le risque existe, mais à quel moment il cessera d’être abstrait, et surtout, pour qui.

© Pierre Fraser (PhD, linguiste et sociologue), 2025


RÉFÉRENCES

Acharya, V. V., Philippon, T., Richardson, M., & Roubini, N. (2009). The Financial Crisis of 2007–2009: Causes and Remedies. Financial Markets, Institutions & Instruments, 18(2), 89–137.

Gompers, P., & Lerner, J. (2001). The Venture Capital Revolution. Journal of Economic Perspectives, 15(2), 145–168.

Kindleberger, C. P., & Aliber, R. Z. (2011). Manias, Panics, and Crashes: A History of Financial Crises (6th ed.). Palgrave Macmillan.

OECD. (2024). Global Debt Report 2024: Bond Markets in a High-Debt Environment. OECD Publishing.Gompers, Paul & Lerner, Josh (2001). The Venture Capital Revolution. Journal of Economic Perspectives, Vol. 15, No. 2, pp. 145-168.

INTELLIGENCE ARTIFICIELLE

L’IA écrit mieux que Shakespeare et Molière, et en plus, elle triche sans faille

Survivre à l’IA en éducation et au travail

IA, Europe et droits fondamentaux en péril ?

Biologie 2.0 : quand l’IA invente le vivant

IA : quand la rationalité devient croyance

IA et unicité technologique

IA et autonomie technologique

IA : interaction, interopérabilité et interdépendance technologique

Les liants technologiques de l’IA

La progression géométrique de l’IA

Un problème est survenu. Veuillez rafraîchir la page et/ou réessayer.

Partager :

  • Cliquer pour partager sur X(ouvre dans une nouvelle fenêtre) X
  • Cliquez pour partager sur Facebook(ouvre dans une nouvelle fenêtre) Facebook
J’aime chargement…

NOS CHAMPS DE RECHERCHE

Corps et santé

Corps et santé

Transhumanisme

Transhumanisme

Biotechnologies

Biotechnologies

Intelligence artificielle

Intelligence artificielle

Société

Société

 

Chargement des commentaires…
 

    • Commentaire
    • Rebloguer
    • S'abonner Abonné
      • RÉCITS IDÉOLOGIQUES
      • Rejoignez 63 autres abonnés
      • Vous disposez déjà dʼun compte WordPress ? Connectez-vous maintenant.
      • RÉCITS IDÉOLOGIQUES
      • S'abonner Abonné
      • S’inscrire
      • Connexion
      • Copier lien court
      • Signaler ce contenu
      • Voir la publication dans le Lecteur
      • Gérer les abonnements
      • Réduire cette barre
    %d